Le 5 décembre dernier, un nouveau rebondissement s’inscrit dans le scandale du Levothyrox. L’agence nationale du médicament et des produits de santé est, en effet, mise en examen pour tromperie.
Pour comprendre ce qu'il s'est passé, on vous récapitule les éléments clés du scandale du Levothyrox.
Le scandale du Levothyrox en résumé à travers plusieurs dates clés
Mars 2017
Tout a commencé lorsqu’en mars 2017, une nouvelle formule du médicament Levothyrox (destiné à traiter l’hypothyroïdie) fabriqué par l’allemand Merck, est mise sur le marché à la demande de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Les changements de la formule ne concernaient pas la molécule active en elle-même, mais les « excipients », c’est-à-dire les autres substances qui permettent de donner la forme au médicament, d’améliorer la conservation ou de modifier le goût.
Petit à petit, des milliers de témoignages apparaissent dans lesquels les consommateurs se plaignent d’effets secondaires « épouvantables » tels que des crampes, des vertiges, pertes de mémoire, fatigue intense, insomnies, troubles digestifs…
Au mois de juin 2017, plus de 9 000 déclarations d’effets secondaires ont été remontées aux autorités sanitaires grâce à la plate-forme signalement-sante.gouv.fr.
Octobre et novembre 2017
Une enquête préliminaire est confiée au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille, dont la compétence s'étend jusqu'à Lyon, siège français de Merck.
Le 2 octobre 2017, l'ancienne formule du Levothyrox fait son retour dans les pharmacies sous le nom d'Euthyrox mais le nombre de boîtes est limité.
Le 3 octobre 2017, le siège français de Merck est perquisitionné à Lyon.
Sur le plan civil, une action collective est engagée le 24 octobre contre Merck à Lyon. Une mission parlementaire menée par le député LR et médecin Jean-Pierre Door conclut à un défaut d'information.
Quelques semaines plus tard, le 14 novembre 2018, Merck est condamné à fournir sans délai l'ancienne formule, par le tribunal de grande instance de Toulouse.
Mars 2018
Le 2 mars 2018, une information judiciaire contre X est ouverte à Marseille pour « tromperie aggravée, blessures involontaires et mise en danger de la vie d'autrui », élargie en novembre à « homicide involontaire ».
Juillet 2018
En juillet 2018, l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) dénonce la présence de nanoparticules de métal dans la nouvelle formule ainsi que des anomalies de composition.
En réponse, le laboratoire dément toute anomalie, tandis que l'agence du médicament confirme, « la bonne qualité de la nouvelle formule ».
Mars 2019
Quelques mois plus tard, le tribunal d'instance de Lyon déboute 4 113 plaignants, écartant tout « défaut d'information » de la part de Merck à l’issue du premier procès intenté au civil
Juin 2020
En juin 2020, la Cour d'appel de Lyon reconnaît que Merck a commis « une faute » lors du changement de formule. Le laboratoire est condamné à verser 1 000 euros à chacun des 3 329 plaignants. Le laboratoire se pourvoit en cassation, mais son pourvoi est rejeté le 16 mars 2022.
L'arrêt de la commercialisation de l'ancienne formule du Levothyrox (Euthyrox), initialement annoncée pour septembre 2020, est repoussé à fin 2022.
Septembre 2021
Une nouvelle action collective est lancée contre l'agence du médicament pour « défaut de vigilance » et « d'anticipation », devant le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Octobre 2022
Plus de quatre après l'ouverture de l'enquête pénale à Marseille, la filiale française du laboratoire pharmaceutique allemand Merck est mise en examen pour « tromperie aggravée ». La société Merck Santé S.A.S.U est placée « sous contrôle judiciaire » avec le dépôt d'une caution de 4,3 millions d'euros, ainsi qu'une garantie de 7 millions d'euros.
Décembre 2022
Le 5 décembre dernier, l’agence nationale du médicament (ANSM) est, à son tour, mise en examen. Elle est notamment visée par une action collective de quelque 1 100 plaignants, pour « défaut de vigilance » et « défaut d'anticipation ».