A la date du 30 avril 2020, 25 enfants ont été hospitalisés en réanimation en région parisienne. Le ministère de la Santé, Olivier Véran, a précisé prendre ces cas sérieusement :"Je mobilise la communauté soignante, la communauté scientifique en France et à l'international pour avoir le maximum de données possibles, pour voir s'il y a lieu de faire un lien entre le coronavirus et cette forme qui, jusqu'ici, n'avait été observée nulle part. Donc beaucoup de vigilance et une certaine inquiétude" L'équipe PasseportSanté se mobilise pour vous fournir de l'information fiable et actualisée sur le coronavirus. Pour en savoir plus, retrouvez : |
Qu'est-ce que c'est ?
La maladie de Kawasaki, ou syndrome de Kawasaki, est une maladie inflammatoire systémique aiguë qui survient principalement chez les enfants de moins de 5 ans et peut entraîner de graves séquelles cardiaques et la mort. Elle est la principale cause de maladie cardiaque acquise chez les enfants des pays industrialisés d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord. Des cas sont observés dans le monde entier, mais c'est en Asie qu'elle est la plus fréquente. Elle touche environ 1 enfant de moins de 5 ans pour 1000 au Japon, le pays où elle a été décrite pour la première fois en 1967 par le pédiatre Tomisaku Kawasaki.
Les symptômes
On identifie la maladie de Kawasaki lorsque le malade présente une forte fièvre atteignant ou dépassant 40°C pendant 5 jours d’affilée ou plus, associé à au moins 4 des 5 signes cliniques suivants :
- éruption cutanée ;
- gonflement anormal des ganglions du cou (adénopathie cervicale) ;
- irritation et rougeur des blancs des yeux (conjonctivite bilatérale) ;
- irritation/inflammation de la bouche, de la langue, des lèvres et de la gorge liée à l’altération de la muqueuse buccale ;
- gonflement des mains et des pieds.
Lorsque certains de ces signes ne sont pas observés, on considère qu’il s’agit d’une maladie de Kawasaki atypique ou incomplète, ce qui représente la majorité des cas.
Des troubles cardiovasculaires impliquant le péricarde, le myocarde, l'endocarde, et les artères coronaires peuvent se manifester dès le déclenchement de la maladie par des troubles du rythme cardiaque comme la tachycardie.
Les origines de la maladie
Le syndrome de Kawasaki a été identifié tardivement et les médecins pensaient à l’origine avoir affaire à un syndrome bénin, avant de se rendre compte qu’il s’agit en réalité d'une inflammation systémique des vaisseaux de la paroi des artères coronaires, appelée vascularite systémique. On ignore encore ce qui cause la maladie de Kawasaki. Ses caractéristiques cliniques et épidémiologiques orientent les chercheurs vers une cause infectieuse, mais ils échouent encore à l’identifier. L’hypothèse la plus solide est que la maladie de Kawasaki est provoquée par un agent infectieux produisant des effets cliniques chez des sujets génétiquement prédisposés, en particulier les Asiatiques. Selon une autre hypothèse plus controversée, la maladie de Kawasaki serait liée à une toxine dite « superantigénique ».
Les facteurs de risque
La maladie de Kawasaki affecte principalement les enfants âgés entre 6 mois et 5 ans (85 % des patients sont âgés de moins de cinq ans) (2), et plus souvent les garçons que les filles. La prévalence de la maladie est bien plus grande dans les populations asiatiques.
Elle peut se compliquer par des anévrismes des artères coronaires dans 15 à 30 % des cas non-traités selon différentes sources faisant peser le risque d'une maladie coronarienne, d’un infarctus du myocarde et d'une mort subite. (1) (2)
Un lien avec le nouveau coronavirus ?
Au 30 avril 2020, une vingtaine d’enfants ont été admis en réanimation en région parisienne, présentant un syndrome inflammatoire. Des médecins d’Italie, du Royaume-Uni et de France alertent sur ces cas avec des syndromes inflammatoires présents chez des jeunes enfants, âgés entre 10 et 15 ans. Les symptômes sont proches de ceux de la maladie de Kawasaki et un lien est approché avec le Covid-19.
Un lien est-il possible ?
Cela est en effet probable. En effet, le Dr Bonnet indique, à la date du 24 avril, que « L'épidémie (de coronavirus) a démarré il y a 5 semaines en Ile-de-France et ces jeunes enfants affluent depuis 15 jours. ».
Notons qu’il ne s’agit pas des premiers cas observés dans le monde : c’est au Royaume-Uni que l’alerte a été lancée. Le National Health Service, NHS (Agence de Santé du pays), rapporte alors une douzaine d’enfants hospitalisés, dans un état grave. Ces jeunes patients présentent une forte fièvre, une inflammation des artères : des symptômes identiques à la maladie de Kawasaki. La plupart des enfants ont été testés positifs au Covid-19.
En Angleterre, le Ministre de la Santé, Matt Hancock, précise que « c'est une nouvelle maladie qui, selon nous, peut être causée par le coronavirus ». Des recherches sont en cours.
Prévention et traitement
Le traitement standard consiste à administrer des immunoglobulines par voie intraveineuse et de l’aspirine pour prévenir l'inflammation de la paroi de l'artère coronaire. Quand il est suffisamment précoce, il permet de réduire nettement le risque de séquelles cardiaques et donc l’apparition d’anévrismes coronariens et d’infarctus.