Les origines du virus
Un virus de la famille des herpès
EBV. Trois lettres, pour un virus peu connu, mais extrêmement répandu. Et dans l’immense majorité des cas, complètement inoffensif. « C’est un membre de la famille des herpèsviridae, qui est présent uniquement chez l’homme », ajoute le Pr Vincent Dubée, infectiologue au CHU d’Angers. « Il infecte les lymphocytes (les globules blancs) du système immunitaire et certaines cellules de la muqueuse de la bouche et du pharynx. »
Ses origines
Il fut découvert en 1964 par le pathologiste britannique Michael Anthony Epstein, d’où son nom. Nous le portons -presque- tous en nous. « Il est extrêmement répandu, puisqu’on estime qu’environ 95% des humains, partout sur la planète, sont infectés. Cette infection se produit généralement pendant l’enfance, l’adolescence, ou l’entrée dans la vie adulte. » Il y a un pic de fréquence entre 15 et 25 ans. Une fois entré, le virus ne sort plus. Il restera dans l’organisme jusqu’à la mort, totalement endormi. C’est d’ailleurs un point commun qu’il a avec d’autres membres de sa famille, comme les virus de l’herpès buccal -le fameux bouton de fièvre- et génital.
Les symptômes du virus d'Epstein-Barr
« Souvent, il ne se passe rien », rassure le Pr Dubée. Mais parfois, il arrive que le virus soit à l’origine d’une mononucléose infectieuse. Cette maladie survient lors d’un premier contact avec le virus. Les symptômes -quand il y en a- apparaissent après une période d’incubation de quatre à sept semaines.
L'infection chez l'enfant
Chez l’enfant, l’infection passe inaperçue la plupart du temps. Mais cela leur donne néanmoins une immunité à vie, puisque symptômes ou pas, ils ont développé des anticorps contre le virus.
L'infection chez l'adolescent et l'adulte
Chez l’adolescent et l’adulte, la mononucléose provoque souvent « beaucoup de fatigue, une fièvre élevée, des amygdales gonflées, qui rendent le fait de manger, ou même d’avaler sa salive, très douloureux. » Les ganglions dans le cou deviennent plus volumineux, il peut y avoir des douleurs musculaires et des maux de tête. Les symptômes disparaissent au bout de deux semaines, mais la fatigue peut durer des mois.
La transmission du virus d'Epstein-Barr
Le virus est transmis par la salive. « C’est ce qui a valu à la mononucléose infectieuse d’être surnommée la maladie du baiser. » Mais ce n’est pas seulement en embrassant vos proches que vous pourrez les contaminer. Le virus se transmet aussi quand vous partagez un verre ou des couverts, si vous toussez ou éternuez.
La contagion est maximale pendant la phase aiguë de la maladie, lorsque la personne a de la fièvre. Si on vient d’être infecté, il faut être vigilant à se laver les mains régulièrement, à ne pas embrasser ses proches, ne pas prêter sa brosse à dents … et être patient. Car une fois guérie, une personne reste contagieuse pendant au moins six mois.
Les complications du virus d'Epstein-Barr
Le principal risque d’une mononucléose est une rupture de la rate. Une urgence médicale rare mais possible. En effet, cet organe situé dans l’angle supérieur gauche de l’abdomen, devient plus volumineux lors d’une infection au virus. Par précaution, il faut éviter les chocs. Les sports trop intenses, ou pouvant provoquer une chute, comme le rugby ou le ski, sont donc interdits le premier mois de la maladie, comme le fait de soulever de lourdes charges.
« Le virus d’Epstein Barr peut aussi être à l’origine de graves complications », déplore le Pr Dubée. Il est ainsi impliqué dans le développement de quelques cancers, comme le lymphome de Burkitt et certains cancers du nez et de la gorge. « Ça survient plus fréquemment chez les gens qui ont un système immunitaire défaillant, et ça reste exceptionnel. »
Le diagnostic du virus d'Epstein-Barr
Il repose sur un interrogatoire du patient, et une analyse de sang, qui va mettre en évidence une augmentation des lymphocytes, et pourra confirmer un contact récent avec le virus, en recherchant des anticorps anti-EBV. S’il suspecte une mononucléose, le médecin vérifiera si les ganglions dans le cou sont plus volumineux. Il s’assurera également que la rate du patient n’a pas gonflé.
Le traitement et le vaccin du virus d'Epstein-Barr
« Il n’y a pas de traitement, même quand on a une mononucléose infectieuse. » En effet, la mononucléose étant d’origine virale, les antibiotiques sont totalement inutiles. « Ils peuvent même être délétères. La pénicilline, lorsqu’elle est prescrite à un sujet atteint de mononucléose, déclenche fréquemment une éruption cutanée », ajoute le Pr Dubée. « On traite juste les symptômes ».
La fièvre et la douleur seront soulagées par du paracétamol ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Le plus important est de continuer de s’hydrater malgré les douleurs dans la gorge, et de se reposer, la maladie provoquant souvent beaucoup de fatigue. Quant au vaccin, « il n’y en a pas, car il n’y a pas d’intérêt. Dans l’immense majorité des cas, ce n’est pas grave. Le virus d’Epstein-Barr ne doit pas inquiéter : c’est quasiment un passage obligé. »