Qu'est-ce que le voyeurisme ?
Le voyeurisme peut tantôt désigner un comportement tantôt un trouble de la sexualité. Le Petit Robert donne la définition suivante : le voyeur est « une personne qui cherche à assister, pour sa satisfaction et sans être vue, à une scène intime ou érotique ».
Selon cette définition, un tel comportement vise à la fois :
- La nature dissimulée des observations ;
- La nature privée et intime des actes observés ;
- La satisfaction sexuelle obtenue.
Parmi les personnes qui s’adonnent au voyeurisme, certains souffrent d’un trouble de la sexualité selon la définition retenue par l’American Psychiatric Association :
« Pour être considéré comme un trouble sexuel ou une paraphilie, le voyeurisme doit comprendre l’observation de personnes qui ne se doutent de rien, généralement des étrangers, alors qu’ils sont nus ou qu’ils se livrent à quelque activité sexuelle, et d’en éprouver une excitation érotique1. »
Comment reconnaitre un voyeur ?
Quelques éléments caractéristiques du voyeur pathologique :
- Il ne recherche pas le contact avec la ou les victimes.
- Il se masturbe en observant sa cible ou après en se remémorant la scène2.
- Il est gagné par des fantasmes récurrents provoquant une intense excitation sexuelle et des pulsions sexuels comportant des actes de voyeurisme.
- Ses fantasmes ou ses pulsions sexuels entrainent une souffrance sur le plan social, professionnel ou fonctionnel.
Selon plusieurs travaux de recherche, les voyeurs manifestent généralement d’autres comportements déviants comme l’exhibitionnisme ou les attouchements non consensuels3. Dans certains cas, le voyeurisme évolue progressivement et devient de plus en plus coercitif.
Qui sont les voyeurs ?
De nombreuses personnes ont des fantasmes liés de près ou de loin au voyeurisme sans que cela puisse être considéré comme pathologique. Si ces fantasmes ne provoquent pas une altération de la vie de l’intéressé ou si le voyeurisme n’est pas la condition exclusive ou obsessionnelle du plaisir sexuel, on ne pourra pas la qualifier de paraphilie.
Les comportements voyeuristes seraient très communs4. Selon une étude, 8 à 12 % des hommes ont déclaré avoir été sexuellement excités par au moins un épisode d’espionnage de relations sexuelles, contre 4 % des femmes5. D’autres études rapportent que le taux de population ayant secrètement observé d’autres personnes dans des situations équivoques, serait beaucoup plus élevé, de l’ordre de 40 %6.
Si vous aviez l’opportunité d’assister secrètement et accidentellement aux ébats ou au déshabillage d’une personne que vous trouvez attirante, le feriez-vous ?
C’est la question qui a été posée à des étudiants par deux chercheurs Rye et Meaney en 2007.
Quand le risque de se faire surprendre était évalué de 0 à 25 %, 60 à 80 % des hommes et 36 à 74 % des femmes y consentiraient volontiers.
Les traits communs aux voyeurs selon la recherche
Les chercheurs ont montré certaines associations possibles entre le comportement de voyeur et certains facteurs, comme le sexe masculin, les problèmes psychologiques, une faible satisfaction de la vie, une forte consommation de drogue ou d’alcool ainsi qu’une activité sexuelle intense marquée notamment par un nombre de partenaires sexuel(le)s élevé, une fréquence élevée d’épisodes de masturbation, une ouverture plus marqué, une tendance à la pornographie ainsi qu’une probabilité plus élevée d’avoir eu un partenaire sexuel(le) du même sexe.
La citation
« Le voyeur est quelqu’un qui a fait le choix libidinal électif de cet objet regard et si l’objet est la condition du désir, pour le voyeur le regard en est la condition absolue ». Jean-Luc Cacciali, « Une perversion du regard : le voyeurisme », Journal français de psychiatrie 2002/2 (no16), p. 33-34.