Qui n'a jamais joué avec une araignée, pendue à son fil, menaçant tel ou tel qui en a peur, de la lui lancer ? Inutile de dire ici à quel point ce jeu est bête et irrespectueux. Cette peur irrationnelle qui saisit certaines personnes, à la simple évocation des araignées, est surtout incontrôlable, si l'on ne fait rien pour en diminuer l'ampleur.
Chez certains, elle est tellement pesante qu'elle constitue un réel handicap. Entrer dans une pièce, passer dans un escalier, dans lesquels se trouve une araignée, ou même, dans lesquels pourraient se trouver hypothétiquement des araignées au prétexte que la maison est vieille, que le ménage n'a pas été fait depuis longtemps, etc, peut vraiment pourrir la vie de l'arachnophobe.
Ce n'est pas la petite bête qui va manger la grosse
D'abord, il y a arachnophobie et arachnophobie. Légère, elle provoque une gène, un désagrément, mais n'empêche pas celui qui en souffre de passer à proximité ou en-dessous, ni, non plus, de s'en débarrasser. En revanche, ceux qui souffrent d'une vraie phobie intense des araignées ont même peur de la bestiole en photo dans un magazine, voire de la simple évocation de leur nom ! Avec tous les symptômes propres aux phobies : panique, sueurs froides, tachycardie, tremblements... Une phase de panique qui dure de quelques minutes à parfois, quelques heures.Ssans parler des réminiscences elles aussi incontrôlables, le souvenir de cette peur qui revient par la suite à la vue de la couverture du magazine dans lequel se trouvait la photo, à l'évocation du lieu ou une araignée a été croisée, etc.
D'où vient cette peur ? il y a plusieurs explications possibles, sans que l'on puisse trancher de manière certaine. D'abord, une part d'inné, donc une peur transmise de génération en génération, est fort probable. D'un temps où les contacts entre l'homme et certains animaux, et en particulier, certains insectes, pouvaient être néfastes quand ils n'étaient pas fatals. C'est évident par exemple pour les serpents.
Les araignées servent à faire peur au cinéma
Et puis, il y a une part d'acquis. Avoir un ou une arachnophobe dans sa famille, et en particulier, chez ses parents, prédispose logiquement une partie au moins de l'entourage à développer la même peur. Un enfant qui a vu sa maman crier à chaque fois qu'elle croise une araignée est quasiment programmé pour faire pareil plus tard. Certains spécialistes des phobies pensent que c'est cette part d'acquis qui est la principale responsable de la peur des araignées. Si l'on ajoute que dans la littérature, et surtout, depuis plusieurs décennies, au cinéma, la ou les araignées sont largement utilisées pour faire peur, dans les films gore comme dans les thriller et même les comédies, le conditionnement est complet.
Mais la peur des araignées n'est pas une fatalité, ni insurmontable. Aiguë et handicapante, elle peut être diminuée, surmontée, canalisée, contrôlée, grâce aux thérapies comportementales cognitives (TCC). En travaillant avec un psychologue ou un psychiatre sur les émotions provoquées par l'évocation, la vue, voire le contact avec un araignée, l'arachnophobe peut en réduire les effets, jusqu'à rendre cette peur surmontable et pourquoi pas, banale.
Certains thérapeutes montrent ainsi à leurs patients des dessins d'araignées de couleurs vives, avec des dessins sur le corps, puis ensuite, d'araignées prises "sous leur meilleur jour". Ils leur apprennent aussi à aimer les toiles d'araignées, là encore en leur faisant admirer des photos artistiques de toiles prises dans le givre, ou couvertes de gouttelettes d'eau. Le but est de rendre les araignées sympathiques, ou en tout cas, acceptables, au même titre que d'autres insectes.
Les thérapies cognitives contre l'arachnophobie
Une autre thérapie, beaucoup plus audacieuse et encore anecdotique, prétend quant à elle annihiler l'arachnophobie en quelques minutes. Qui plus est, en faisant toucher des araignées par les phobiques ! Bien sûr, il y a un truc. Ceux qui veulent surmonter leur peur, avec cette méthode inventée par des chercheurs néerlandais, acceptent d'absorber un peu de propranolol.
Cette substance, utilisée notamment pour traiter l'hypertension, est également connue pour ses effets sur la mémoire. On suppose qu'elle bloque l'accès aux zones de la mémoire dans lesquelles la peur des araignées, des souvenirs traumatisants les impliquant, ou simplement, les croyances à leur sujet, sont stockées. Résultat, le phobique est désinhibé quand on lui présente des araignées dans des boîtes en plastique, et certains se laissent même faire quand on leur propose de les prendre dans la main, ou de les caresser. Logique : ils ont oublié en avoir eu peur avant !
Dans tous les cas, retenez bien : se moquer de ceux qui ont peur des araignées est sot et peut les faire complètement paniquer. Et si vous en souffrez, vous pouvez surmonter cette peur, pourvu que vous preniez les choses en main...
Jean-Baptiste Giraud
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